ET SI ...

Publié le par Mérédith S. Christa D'Angelo

ET SI ON EMBARQUAIT DANS DU NEUF !
 
Je fais partie de ceux qui pensent que le paquebot « système éducatif français » (je ne veux pas parler des autres que je ne connais pas suffisamment) a beaucoup bourlingué, qu’il a essuyé de nombreuses tempêtes et qu’il a subi de nombreuses avaries. Toutes sortes de colmatages ont été régulièrement effectuées et pourtant il prend l’eau et menace de couler !
ET SI ON EMBARQUAIT DANS DU NEUF !
Bien sûr, ça fait peur et on hésite. Est-ce qu’on fait du « moitié neuf » (c’est moins inquiétant, on garde un peu de ce qu’on connaît !) : avec des matériaux neufs, on réalise une copie de l’ancien ? Ou, du « complètement neuf » : des matériaux neufs et nouveaux au service d’une conception toute nouvelle qui prendrait en compte toutes les connaissances accumulées en la matière : qualités des nouveaux matériaux mais aussi nouvelles conditions et modalités de flottaison, de glisse, de confort, de sécurité, de solidité, etc.).
Séduite par l’option du « tout neuf », j’ai essayé d’imaginer à quoi pourrait ressembler ce vaisseau - pas fantôme !
NB : Consciente de mes limites et de mes limitations, je sais bien que je ne peux lancer que quelques idées - voire questionnements - et si quelque chose devait prendre forme, cela ne serait possible qu’à partir d’étroites et fructueuses collaborations au sein d’équipes de personnes animées par le même désir, la même énergie.
J’invite donc toute personne bien intentionnée à se manifester !

Qui aime bien, châtie bien ! Parce que j’ai longtemps fait partie de cette vaste famille des enseignants/éducateurs/formateurs, je vais me permettre de caricaturer, donc d’égratigner « un peu, beaucoup, passionnément ! » ce qui m’est d’autant plus cher que je l’ai toujours  voulu meilleur.

Recette de base de l’enseignement français depuis Jules Ferry :
« Dans une salle quelconque, disposez un tableau, un maître devant le tableau et, face au maître, un groupe d’individus (30 à 40, à peu près du même âge) assis derrière leurs pupitres alignés en plusieurs rangées et, heure après heure, jour après jour, etc. (sauf pendant les pauses dites récréatives (!) et les congés) faites en sorte (?) que la manne du maître, discipline par discipline, soit largement distribuée. Ponctuez chaque séance de travail d’une sonnerie bien stridente. Point ne vous souciez des détails non essentiels : accueil, communication, circulation, mode de vie, état des lieux, état physique et psychique des personnes, hygiène, diététique, confort, etc.
Petit coup d’œil à quelques-uns de ces détails « superflus »  que j’ai eu l’occasion d’observer dans nombre d’établissements scolaires, lors de mes pérégrinations de formateur d’enseignants.
Des bâtiments, des couloirs, des salles dégradés, laids, tristes, angoissants voire repoussants (le pire incombant aux locaux dénommés «Toilettes » (humour ? provoc ?) rares, exigus, sales, nauséabonds et sous-équipés : pas de papier ni de savon, pas de poubelles et parfois pas de système fiable de fermeture des portes !). 
En classe, 120 à 160 pieds de chaise qui crissent en même temps à chaque entrée et sortie des élèves, soit à peu près deux fois par heure !
Lors des transhumances obligatoires des élèves pour atteindre leur classe, là aussi quasiment toutes les heures, confusions et bousculades dans des couloirs trop souvent étroits et sinueux voire anguleux à 90 degrés !
Et enfin, pour la bonne bouche (humour toujours !), une bonne centaine d’enfants et/ou d’adolescents qui prennent leur repas en même temps dans «le bruit et la fureur», la bousculade parfois, le pugilat aussi.
Mais ce n’est pas tout !
Si je me réfère à ma propre histoire, il m’a fallu des années pour ramener à ma conscience toutes mes souffrances, mes peurs, mes tristesses de la petite enfance. A quoi ça m’a servi ? A voir clairement qu’enfants, nous sommes des « éponges » qui nous imbibons de tout ce dont notre environnement est porteur : la tristesse d’une mère qui ne réussit pas à trouver une once de bonheur dans sa vie, l’agressivité d’un père liée à son incapacité à communiquer mais aussi et encore le mépris, le rejet de tous ces enseignants qui ne supportent ni l’erreur ni le retard dans les apprentissages et ainsi, sans s’en rendre compte, créent l’échec, pas seulement scolaire !
Avant même qu’il ait développé la capacité de mettre en doute la parole de l’adulte, l’enfant est « contaminé ». Il a déjà construit sa propre image à coups de jugements négatifs répétés : il est stupide, incapable, il ne réussira jamais rien ! Ainsi rate-t-il l’apprentissage le plus fondamental pour lui : savoir s’aimer, s’apprécier et aimer la vie ! Le sentiment majeur en lui s’apparente plutôt à la honte. Il faudrait presque qu’il s’excuse d’être, d’être de ce monde, dans ce monde … qu’il s’excuse de vouloir être aimé … de vouloir réussir quelque chose !
Bref, ce n’est pas une nouveauté, tous les psy le savent et bon nombre d’entre eux l’ont démontré, les programmations élaborées pendant la petite enfance conditionnent toute la vie d’une personne.
Alors, ma question c’est : pourquoi, aujourd’hui encore, nos systèmes éducatifs, ceux des parents comme ceux des enseignants, ne sont toujours pas capables d’aider les enfants, « tous les enfants », à se construire correctement, je veux dire de telle façon que chacun puisse grandir dans la confiance et la tranquillité de cœur et d’esprit ?

 Quand un navire prend l’eau de toutes parts, d’abord on effectue les réparations provisoires qui vont assurer le retour au port, puis, après examen des dégâts, soit on répare, soit on abandonne la vieille construction pour embarquer dans une nouvelle.
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