Le retour de Méré (suite)

Publié le par Mérédith S. Christa D'Angelo

DES VOIX ET DES VOIES -

UN JOUR (on ne sait plus lequel !) un édifice, comme on n'en avait jamais vu à cette époque, a pris racine en sous-sol et s’est érigé sous les yeux médusés mais sceptiques d’une population fatiguée et résignée qui avait renoncé depuis longtemps à croire à ses rêves.

Longtemps avant la pyramide du Louvre, ce bâtiment avait déjà pris forme dans l’imagination de sa conceptrice. Immense pyramide de béton et de verre, elle rappelait à certains ce vieux rêve des bâtisseurs de l’Antiquité : la recherche d’une union entre la terre et le ciel. Les plus pragmatiques, eux, ont plutôt applaudi le désir d’offrir de vastes espaces de vie ouverts sur la nature et baignés de lumière avec à la clé une solution élégante à la cruciale nécessité (problème majeur à cette époque)  d’économiser les énergies qui assuraient l’éclairage et le chauffage.

Symbolisme transcendant pour les uns, solution pratique pour les autres, cette architecture répondait à des besoins concomitants d’esthétique, d’harmonie et de fonctionnalité selon un schéma conceptuel complètement nouveau.

Paradoxalement, ce qu’il y avait de plus nouveau, de jamais vu, passa inaperçu pour la grande majorité. En vérité, ce bâtiment surgit de terre littéralement un lendemain de pluie comme l’aurait fait un champignon dans un odorant sous-bois riche en humus mais avec une extravagance supplémentaire, sa forme pyramidale ! Pour la première fois, pas d’architecte, pas d’ingénieur, pas d’ouvriers, pas de subventions d’Etat, de Régions ni de Communes, pas de sponsor non plus ! Pour la première fois  sur cette vieille planète (quoi que !…), s’érigeait un édifice grâce à la maîtrise de forces jusque-là inconnues (ou peut-être oubliées : n’avaient–on pas soupçonné les anciens bâtisseurs, de l’Egypte pharaonique au Moyen Age, mais aussi pour certains, les lémuriens ou les atlantéens, d’avoir emporté à jamais d’extraordinaires secrets de construction ?).

Bref, vous l’avez compris, l’émergence de ce bâtiment était fortement liée au fameux mystère évoqué par le non moins fameux Castaneda, fameux par ses nombreux ouvrages et ses milliers de lecteurs à travers le monde, mais aussi par l’invraisemblable (pour l’époque !) chemin de transformation sur lequel il avait osé s’engager. Mais, à vous, tous les terriens qui n’avaient pas encore tenté de lever le voile du mystère, je n’en dirai pas plus pour l’instant.

Je vous connais bien, je sais que vous affectionnez le suspens, je ne vais donc pas vous priver de ce léger titillement de votre système nerveux central. Une grande partie de vos œuvres littéraires ou cinématographiques doit son succès à cet habile recours à la mise en attente qui intervient sur votre souffle au point que vous dites, je crois, que vous êtes « tenus en haleine ».

Ce qui m’étonnera toujours c’est que ceux parmi vous qui n’ont de cesse de vouloir tout comprendre et tout expliquer n’aient pas vu ce qui se cache dans ce processus. De la même façon, dans vos sociétés où la plupart d’entre vous doivent s’imposer de pénibles heures de labeur pour gagner de quoi subvenir à leurs besoins, vous avez inventé des métiers « de jeu », lesquels en outre sont très vite devenus les plus lucratifs : chanteurs et comédiens « jouent » à vous faire ressentir des émotions. En les écoutant et en les regardant, vous « jouez » à faire vibrer votre sensibilité face aux plus grands drames comme aux plus grands bonheurs que votre humanité soit capable d’expérimenter. A cela il faut ajouter tous les « jeux sportifs », les « jeux de société » et même les « jeux d’argent » … Quelle profusion ! En dépit de tout ça, vous n’avez jamais osé aller regarder ce qui se cache derrière un tel engouement. Il est vrai qu’avec votre propension à vouloir tout étiqueter, à tout vouloir juger par rapport aux incontournables notions du bien et du mal, du beau et du laid, du sérieux et du futile, du noble et du médiocre, etc., vous avez décrété une fois pour toutes que tout ce qui a trait au jeu, à l’amusement, à la distraction, au plaisir, relevait du futile tout juste nécessaire à s’accorder quelques pauses récréatives mais uniquement parce que le reste du temps on se consacre le plus sérieusement du monde à son travail. Et vous infligez le même régime à vos enfants ! Parce qu’on a bien travaillé, on peut s’accorder le droit de se détendre un peu. Mais, attention, point trop n’en faut ! Et ainsi vous avez raté une fondamentale découverte. Mais, pas d’inquiétude, comme au « jeu » (vous voyez bien qu’il vous poursuit sans cesse celui-là !), ce n’est que partie remise !

Pour l’instant, revenons à notre champignon-pyramide ! Que se passait-il donc sur Terre au moment de son émergence ? Les « riches et puissants » avaient créé des systèmes politiques et économiques qui préservaient leurs richesses et leur puissance au détriment des autres maintenus dans la précarité et la dépendance. Même les systèmes religieux qui pourtant prônaient l’amour du prochain n’avaient pas réussi à établir ni rétablir les équilibres ; certains d’entre eux  étaient même accusés de tirer profit de cette situation.

 

Seuls quelques rares économistes audacieux tentaient quelques avancées : puisque la planète constitue le gâteau que doivent se partager les humains, un nouveau système économique mondial devrait être fondé à partir de concepts tels que « l’échange » et le « partage » mais cela signifiait rompre définitivement avec l’ancien système d’organisation sociale fondé sur la hiérarchisation : les plus grands subordonnent les petits, ce qui ne manque pas de générer le processus de compétition à tous les niveaux et dans tous les domaines. Et voilà la course à la suprématie : d’un état sur un autre voire même si l’occasion se présente sur tous les autres ; et cette course effrénée a entraîné dans son sillage  tous les systèmes, politiques, économiques, administratifs, et le comble, éducatifs. Et l’on retrouve donc partout la mise en situation de dépendance donc d’obéissance et de soumission ainsi que de normalisation : tous les enfants et les adolescents rangés par classes d’âge soumis aux mêmes règles d’apprentissage et de conduite, les mêmes savoirs pour tous au même rythme, imiter, reproduire, engrammer, stocker, ingurgiter, régurgiter, mémoriser, réciter… être jugé en permanence, noté, félicité ou blâmé, récompensé ou puni, et toujours mis en compétition : devenir le meilleur, le gagnant, le champion pour tenter d’assurer son avenir, et à quel prix ?! Quelle place pour l’échange et le partage ?!

Changer tout ça, oui, on voit mieux pourquoi, mais qui, quand, comment ?

Pour répondre à ces questions, je vais devoir lever le voile sur cette pionnière qui osa s’attaquer en premier lieu, parce que le plus stratégique, à cette vieille mais résistante forteresse que personne jusque-là n’avait réussi à ébranler vraiment, vous avez deviné, le système éducatif de son pays dénommé Education Nationale.

Cette pionnière je l’appellerai Edith S. Je vous dirai comment elle a pu concevoir un tel projet, puis en s’engageant dans sa réalisation, provoquer le grand « chamboulement » qui s’ensuivit.

Mais, pour l’instant, je vais vous laisser en sa compagnie en vous confiant ses pensées, ses émotions, ses sentiments les plus secrets. En revanche, vous ne saurez rien de son identité car, ne l’oubliez pas, pour vous, dans votre réalité temporelle, en ce début de XXIème siècle, Edith S. est encore vivante et elle n’a pas encore osé concrétiser son rêve qu’elle ne qualifie pas encore de projet. Par conséquent, elle est, pour certaines et certains d’entre vous, la mère, la sœur, la tante, l’amie, etc. Je ne vous donnerai donc aucun moyen de l’identifier car les conséquences pourraient en être funestes. En effet, parmi vous, se trouvent celles et ceux qui vont participer à son œuvre, et qui, suivant son exemple, vont impulser le changement mais, peut-être aussi, celles et ceux qui monopoliseront toutes leurs forces pour s’opposer à son projet. Donc, nous n’aurez pas de biographie pour satisfaire votre curiosité, seulement quelques textes puisés dans ses petits cahiers confidentiels (que personne n’a jamais lus jusqu’à aujourd’hui), suffisants pour découvrir celle qui osa provoquer le grand changement  et vous permettre d’appréhender son cheminement.

Je fais le choix de vous livrer ces écrits sans ordre établi, ni chronologique, ni thématique et sans aucun commentaire de ma part.

A vous, chères lectrices et chers lecteurs, à élaborer votre propre analyse, votre propre point de vue.

Je vous offre les pièces d’un puzzle, vous êtes libres de jouer ou non à en réaliser l’agencement significatif pour vous.

Au passage, vous découvrirez peut-être ce qui relie Edith S. à Ista, Chris ou Dan ou encore à moi-même !

Et au cas où vous ne trouveriez aucun lien, je vous promets de revenir une dernière fois avec un compère, N’Gelo, pour vous proposer quelques pistes de compréhension.

Je vous souhaite la meilleure immersion possible dans l’univers d’Edith et je vous redis « à bientôt » !

 

 

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